Comment se déroule une campagne ?

  1. 1. Recrutement des patientes
  2. 2. Chirurgie de la fistule
  3. 3. Suivi des opérées
  4. 4. Nouvel étage d'hospitalisation

 

 

 1. La sensibilisation, le dépistage et le diagnostic

 
Lorsqu'il est confié à SSD, ce travail est réalisé en étroite synergie entre l'équipe de SSD au Togo et les ONG locales, proches de la population. 5 à 8 ONG apportent leur collaboration à cette phase cruciale.
La sensibilisation se réalise par des rencontres avec les autorités traditionnelles des villages et la population. Elles sont complétées par des émissions sur les radios locales ou à la télévision. On y explique l'origine de la fistule et les possibilités de traitement chirurgical, en insistant sur le fait que ce problème ne trouve pas son origine dans un ensorcellement ou la punition d'une faute comme l'adultère. Des messages sur la prévention sont également diffusés: évitement des mariages précoces, espacement des naissances, nécessité de suivi de la grossesse et d'accouchement en milieu sûr, etc.
Le premier dépistage est exécuté par des agents de santé bénévoles, issus des communautés et qui ont reçu une formation par des gynécologues togolais. Chaque campagne de dépistage permet de mettre en évidence une centaine de cas suspects de fistule obstétricale. Les femmes concernées sont ensuite adressées aux médecins spécialistes des hôpitaux régionaux qui procèdent aux examens nécessaires pour confirmer le diagnostic. Lorsque c'est le cas, les femmes sont inscrites sur une liste en vue d'être opérées lors d'une prochaine campagne.

De la bonne exécution de cette phase de dépistage dépend en grande partie le succès de la campagne. C'est un travail exigeant et délicat qui suppose des déplacements souvent longs et difficiles pour les agents des ONG.

 

 

2. La chirurgie des fistules

 
La phase de traitement chirurgical se déroule au Centre Hospitalier Régional (CHR) de Sokodé, au centre du pays. Chaque campagne fait l'objet d'une cérémonie de lancement à laquelle participent les autorités nationales et régionales et les représentants des grands organismes impliqués dans la lutte contre la fistule obstétricale au Togo. C'est l'occasion de transmettre un certain nombre de messages forts sur l'engagement des parties et d'encourager les femmes opérées en leur remettant notamment des colis en nature de vivres et non-vivres.
Les femmes dont le diagnostic a été confirmé par les médecins spécialistes des hôpitaux régionaux, sont invitées à se rendre au CHR de Sokodé en se faisant accompagner d'une personne.
Dans un premier temps, les chirurgiens vérifient une dernière fois le diagnostic et confirment l'opérabilité de la patiente. Si c'est bien le cas et après des examens de biologie préopératoire, les patientes sont inscrites sur le programme opératoire. Certains cas complexes doivent être examinés sous anesthésie ou faire l'objet de mises au point radiologiques ou échographiques complémentaires.
Au cours de chacune des 10 journées opératoires, trois femmes en moyenne sont opérées, la plupart sous anesthésie rachidienne. Chaque opération dure entre une et quatre heures selon la complexité des lésions.
Après l'opération, les femmes doivent garder une sonde urinaire pendant plusieurs jours. Les premiers jours, elles doivent éliminer quotidiennement de grands volumes d'urines pour éviter les infections et l'obstruction des sondes. Les patientes se lèvent dès le lendemain et pratiquent des exercices de rééducation de leurs sphincters et des muscles pelviens avec l'aide de kinésithérapeutes.

Les femmes quittent l'hôpital 2 à 3 jours après l'enlèvement de la sonde. Lorsqu’elles sont guéries - ce qui est le cas de 80 à 90% - ce sont des moments de grande joie et d'émotion après parfois plus de 20 annés d'incontinence permanente !

 

 

3. Le suivi des opérées

Le suivi comprend plusieurs étapes:

  1. au moment de quitter l'hôpital, les femmes reçoivent une série de recommandations visant à prévenir les rechutes: repos, éviter les efforts importants et le port de charges lourdes, abstinence sexuelle de 3 à 6 mois, contraception éventuelle, etc.
  2. entre 1 et 3 mois après l'intervention, les mêmes ONG que celles qui ont pratiqué le dépistage, éventuellement encadrées par les agents de SSD au Togo, rendent visite aux femmes opérées dans leurs villages pour vérifier le maintien des résultats obtenus à la sortie de l'hôpital et le cas échéant, la bonne réintégration au sein de leur famille et de la communauté villageoise. Ces moments de retrouvailles sont souvent empreints d'énormément de joies et d'émotions.
  3. à plus long terme, la réinsertion socio-économique et l'appui éventuel à celle-ci sont supervisées par des ONG spécialisées dans ce domaine.
Que se passe-t-il si des femmes présentent une rechute?

Dans 5 à 10% des cas et bien que l’intervention chirurgicale se soit parfaitement déroulée, on constate malheureusement une rechute. Les causes en sont multiples et parfois inexpliquées. Ces patientes sont alors réinscrites pour une campagne ultérieure. En effet, il n'est pas rare que plusieurs interventions soient nécessaires pour venir à bout du problème. Une de nos patientes a été guérie après la cinquième opération !

 

4. Les patientes occupent le nouvel étage d'hospitalisation du bloc de gynécologie-obstétrique

 

Depuis 2018, les patientes bénéficient des nouvelles installations de l'étage d'hospitalisation du bloc de gynécologie-obstétrique !

Patiente 20190111                                                Patientes dans lits IMG 20190102 WA0001

 

Pour écouter le témoignage d'une patiente, cliquez ci-dessous:

 

 

 

Pour mémoire, c'est grâce à l’aide financière de la Fondation ICB (Institut Chirurgical de Bruxelles) et aux dons reçus de l'AISBL Femmes d'Europe et de l'ASBL Hôpitaux sans Frontières via le Rotary Club, que nous avons construit une unité d’hospitalisation de 33 lits afin d’améliorer les conditions d'hospitalisation des femmes opérées dans le service de gynécologie obstétrique, particulièrement celles souffrant de fistule obstétricale.

Ce projet a été suivi par Monsieur Zibrime MAMA, représentant de SSD au Togo, malheureusement décédé avant l’inauguration. La construction a consisté dans le rehaussement du bloc opératoire de gynécologie sur le site du CHR de Sokodé. Elle a été réalisée par l'entreprise ENTOTRA de Sokodé.

Vu l’ampleur des travaux et l'importance du budget, nous avons étalé le chantier sur les années 2016 et 2017 :

  • le 27 juillet 2016, l’accord de construire a été signé au Ministère de la Santé du Togo.

  • second semestre 2016 : gros œuvre et mise sous toit. Travaux temporairement interrompus durant 2 mois pour permettre le déroulement de la 8ième campagne de réparation de la fistule obstétricale dans le bloc opératoire sous-jacent.

  • année 2017 : rampe d’accès et passerelle pour permettre la connexion avec le service de gynécologie et aménagement du bâtiment (châssis, sanitaires, dallage des sols et partiel des murs, peinture, …). Chaque chambre a son espace sanitaire avec WC, lavabo et douche.

Pour équiper cette unité, nous avons reçu 33 lits et 10 m³ de matériel à usage unique d’Hôpital Sans Frontière, par le biais du Rotary. Le 28 Août 2017, le container avec les lits est parti de Belgique et est arrivé à sa destination quelques mois plus tard.

Les meubles et les armoires pour chacune des patientes et pour le personnel ont été fabriqués sur place. Ils nous ont été offerts par l’Association Femmes d’Europe.

La cérémonie d’inauguration à l’occasion de laquelle le Dr Philippe BETTENDORFF, Président de SSD, a rendu un hommage posthume à Monsieur MAMA, et a procédé à la remise des clés de la nouvelle unité à la direction du Centre Hospitalier de Sokodé s’est tenue le 13 février 2018.

Le bloc de gynécologie-obstétrique avant (à gauche) et après (à droite) travaux

 

L'espace sanitaire

 

Les lits